Le Mithril : Histoire et usages.
© Julien Mansencal (Meneldur), Chroniques de Chant-de-Fer, 2006.

Le Mithril : Histoire et usages.
Le mithril, "[…] l'argent de la Moria ou vrai-argent, comme d'aucuns l'ont appelé […]" [1] , était probablement le métal le plus précieux de la Terre du Milieu, surtout à cause de sa rareté : seules la Moria et Númenor [2] possédaient des gisements de ce minerai [3], et après la Submersion, Khazad-dûm posséda ainsi l’exclusivité de l’extraction de ce métal, ce qui assurait aux Longues-Barbes des richesses infinies : le mithril leur permettait d’acheter tout ce qu’ils désiraient aux Elfes et aux Hommes. Les Nains en gardaient cependant pour leur usage personnel, et ils étaient d’ailleurs sans doute les seuls à savoir le traiter convenablement pour réaliser certains ouvrages : "[…] les Nains savaient en faire un métal léger et pourtant plus dur que l'acier trempé." [4].
Lorsque Celebrimbor s’installa en Eregion, vers l’an 700 du Second Age, de fructueux échanges s’établirent entre son royaume et la Moria toute proche ; il était un grand admirateur du mithril, comme tout son peuple ; il est d’ailleurs dit que c’est lui qui trouva le nom de mithril pour l’argent de la Moria : "Il [Celebrimbor] forgeait admirablement l’argent, et vint en Eregion, attiré par les rumeurs parlant du merveilleux métal trouvé en Moria, l’argent de la Moria, auquel il donna le nom de mithril." [5]. C’est encore Celebrimbor qui grava les mots de la porte Ouest de la Moria en ithildin, invention des Elfes à partir du mithril : "Les Elfes lui portaient un amour extrême et, parmi maints usages, ils en faisaient l'ithildin, l'étoile-lune que vous avez vue sur les portes." [6] . De plus, on notera que Nenya, l’un des Trois Anneaux des Elfes forgés par Celebrimbor, était de mithril serti d’un diamant.
Malgré la chute de l’Eregion, la Moria continuait à exporter son mithril, notamment à destination des Númenoréens : le roi Tar-Telemmaitë était avide de ce métal [7], mais il y a fort à craindre que nombre d’objets en mithril aient sombré avec l’île de Númenor, en 3319 2A. Toutefois, les navires d’Elendil et de ses fils durent quand même emporter avec eux quelques objets sur la Terre du Milieu, comme l’Elendilmir, "la blanche étoile des Elfes, l'étoile de cristal sertie dans un fin réseau de mithril" [8].
Cependant, dans leur recherche incessante de mithril, dont la veine principale, qui passait sous le Caradhras, s’enfonçait de plus en plus, les Nains devaient trouver quelque chose à quoi ils ne s’attendaient pas : en l’an 1980 du Troisième Age, ils libérèrent un Balrog depuis longtemps enterré, qui tua deux descendants de Durin avant d’obliger les Nains à fuir. Ceux-ci, on peut l’imaginer, ne partirent pas les mains vides ; et de nombreux objets en mithril les suivirent jusqu’en Erebor ou aux Montagnes Grises, dont le corselet de Bilbon, que Thorin retrouva dans le trésor d’Erebor. Cependant, de nombreux objets de mithril furent abandonnés sur place, et l’expédition de Balin, en 2994, devait en retrouver, mais combien ? Le Livre de Mazarbûl est bien trop laconique et fragmentaire pour nous le dire : "Après quelques étoiles, l’écriture est d’une autre main, et je peux voir : nous avons trouvé du vrai argent, et plus loin les mots bien forgé, après quelque chose ; j’y suis ! du mithril, […]" [9] . Cette citation pourrait laisser entendre que Balin et ses Nains ont pu creuser assez pour trouver du mithril, mais cela paraît peu probable, avec les Orcs qui les harcelaient et la menace du Fléau de Durin.
Toutefois, on peut supposer que les Nains disposaient, encore au Quatrième Age, de réserves de mithril assez impressionnantes : en effet, Gimli et les Nains d’Aglarond "forgèrent des Portes pour Minas Tirith, en acier et en mithril, en remplacement de celles qu’avait brisées le Roi-Sorcier." [10] ; à moins que les Nains n’aient recyclé d’anciens objets en mithril.
Ainsi, l’impressionnante résistance du mithril semble n’avoir été employée qu’à des buts défensifs :
  • le corselet de Bilbon, dont Gandalf dit qu’il valait "plus que la Comté entière avec tout ce qu’elle contient" [11] et qui, par sa robustesse, sauvera la vie de Frodon dans la Moria,
  • les casques des Gardes de la porte de Minas Tirith en Gondor : "Les Gardes de la porte étaient vêtus de noir et leurs heaumes avaient une forme étrange, hauts de fond avec de longs oreillons très ajustés à la figure, au-dessus desquels se voyaient les ailes blanches d'oiseaux de mer ; mais les casques étincelaient d'une flamme d'argent, car ils étaient en réalité faits de mithril, héritages de la gloire de jadis" [12],
  • les nouvelles Portes de Minas Tirith ;
ou bien à des fins d’ornement :
  • Nenya, l’Anneau de l’Air, porté par Galadriel,
  • l’Elendilmir, conservé par Saroumane à Orthanc.
La recolonisation de la Moria par Durin VII, au cours du Quatrième Age, a-t-elle abouti à la redécouverte de mithril? Cela, nous ne le saurons probablement jamais, et nous devrons nous contenter de rêver à l'éclat de Nenya au doigt de Galadriel, ou à l'étincelante cotte de mailles de Frodon...

Notes
[1] Le Seigneur des Anneaux, Christian Bourgois, 1992, p. 348.
[2] Contes et Légendes Inachevés : le Troisième Age, Pocket, 1982, p. 27.
[3] Bien que Tolkien ait envisagé un moment que l'Ered Luin ait pu receler du mithril, qui aurait été épuisé vers le début du Second Age, ce qui aurait expliqué la venue des Noldor en Eregion ; cf. The Peoples of Middle-earth, HarperCollins, 1996, p. 184.
[4] Le Seigneur des Anneaux, Christian Bourgois, 1992, p. 349.
[5] The Peoples of Middle-earth, HarperCollins, 1996, p. 318
[6] Le Seigneur des Anneaux, Christian Bourgois, 1992, p. 349.
[7] Contes et Légendes Inachevés : le Second Age, Pocket, 1982, p. ?
[8] Contes et Légendes Inachevés : le Troisième Age, Pocket, 1982, p. 19.
[9] Le Seigneur des Anneaux, Christian Bourgois, 1992, p. 353.
[10] Ibid., p. 1156.
[11] Ibid., p. 349.
[12] Ibid., p. 807.