Les Femmes naines
© Stéphane Grignon (Anglin), Chroniques de Chant-de-Fer, 2004.

LES NAINS NAISSENT DE LA PIERRE...
Voilà bien un mythe accroché à ceux, déjà nombreux, concernant les Nains du monde de J.R.R. Tolkien et qu'il nous faut éclaircir. En réalité, tout tient à un simple fait : à tous points de vue, la femme Naine ne peut être distinguée de son homologue masculin. Voix, barbe et même façon de se vêtir, tout concourre à la rendre en effet semblable dans son genre aux yeux des « non-Nains ».
Le seul exemple de femme Naine dans l'œuvre de Tolkien a pour nom (en langue nordique bien sur) Dís : mère de Fili et de Kili et sœur de Thorin II, elle ne doit son renom qu'à la bravoure et à la fin tragique de ses proches, lors de la bataille des Cinq Armées (T.A 2941).
Pourtant, il est écrit que les Naines forment près du tiers de leur population totale, même si ce seul fait explique de lui-même les faibles taux d'accroissement qui caractérisent le peuple des Nains.
Dans la vie courante, et à part dans les cas d'extrême besoin ou de nécessité, les femmes Naines ne quittent jamais leurs demeures profondes. Aucune d'elles ne part en guerre. Au contraire, elles restent au foyer, sauf dans les cas de migrations ou d'exodes massifs et forcés, et ce, en partie pour la simple raison d'assurer une pérennité et d'éviter que ces sorties ne mettent à mal le faible taux de natalité et d'accroissement de leur peuple.
Grand défaut du caractère des Nains, présent en de multiples proportions, la jalousie (ou l'envie) explique elle aussi la notion de couple chez les Nains. Un Nain, mâle ou femelle, n'aura qu'un seul compagnon dans sa vie. Contrairement à ce que certains ont aussi affirmé, il serait bien sur impensable et impossible qu'une femme prenne un mari contre son gré. Pourtant, et malgré ces proportions démographiques, elles ne prennent pas toutes un époux ; certaines par choix et d'autres parce que le Nain qu'elles désirent ne le peut pas.
En remontant à leur origine et à l'Eveil des Sept Pères, Aulë, leur Créateur, mit aux côtés de chaque Père une Epouse, à l'exception de Durin, Père des Longues-Barbes, qui dormit seul ; bien que, dans les versions antérieures à cette légende, ce fut Eru lui-même qui pensa à cette intention, Aulë n'ayant pas encore pensé aux Nains, ses enfants, comme pouvant être d’un autre genre que des « hommes » (mâles).
Le mariage ne s'effectue que rarement avant les 90 ans du Nain, et il semble admis que les enfants ne naissent pas, en général, avant les 100 ans du père. Ces données étant basées, entre autres, sur les arbres généalogiques disponibles, et comme ces mêmes arbres ne mentionnent pas les femmes (outre le cas de Dís cité plus haut), il n'est pas rare que lorsqu'un Nain naît plus de 110 ans après la naissance de son père qu'il ait, en fait, une sœur aînée et, donc, non citée. A ce propos, on ajoutera que dans un couple de Nains il y a très peu de probabilité pour qu'il naisse beaucoup d'enfants ; en fait, il est même très rare d'atteindre une fratrie de plus de quatre enfants.
Pour l'éducation, qui durera environ 30 ans (10 ans de plus pour s'endurcir), âge de la maturité chez les Nains, on peut dire qu'envers leurs enfant ils sont complètement dévoués. S'ils les traitent avec une apparence de rudesse, c'est que pour eux la vie est dure et pour s'y adapter, il est nécessaire d'être fort, robuste et résistant aussi bien mentalement que physiquement. Ils les défendront pourtant de tous leurs pouvoirs si ceux-ci sont attaqués, davantage même que pour leur propre existence. Ceci est aussi valable dans le sens opposé (« Un Nain peut passer sa vie à venger une insulte faite à son père »), tout en sachant que pour n’importe quel Nain, le Roi de sa Maison équivaut à un Père. Il est donc très fréquent que la vie d'un Nain soit en partie dictée ou bousculée par un quelconque « devoir de vengeance ».


Citations
Le Seigneur des Anneaux
« Dís était la soeur de Thráin II. C'est la seule Naine nommée dans ces histoires. Il est dit par Gimli qu'il y a peu de Naines, probablement pas plus du tiers de la population totale. Elles vont rarement à l'étranger, hormis en cas de grand besoin ; elles sont en voix et en apparence, et en vêtements si elles doivent voyager, si semblables aux Nains que les yeux et les oreilles des autres peuples ne peuvent les distinguer. C'est ce qui a donné parmi les Hommes l'idée idiote qu'il n'y avait pas de Naines, et que les Nains ‘‘naissaient de la pierre’’.»
C'est à cause du faible nombre de femmes parmi eux que le peuple des Nains s'accroît si lentement et est en péril quand ils n'ont pas d'habitations sûres. Car les Nains ne prennent qu'un époux ou épouse au cours de leur vie et sont jaloux de leurs droits, comme en toute chose. Le nombre de Nains qui se marient est en fait inférieur à un tiers car les femmes ne prennent pas toutes un mari : certaines n'en désirent pas ; d'autres en désirent un qu'elles ne peuvent avoir et, donc, n'en auront pas d'autre. Comme pour les hommes, nombreuses sont celles qui ne souhaitent pas se marier, étant absorbées par leurs créations.
Annexe A, Section IV : Le peuple de Durin

Histoire de la Terre du milieu (HoME)
(a). Mais il est dit qu'Iluvatar donna une compagnie féminine à chacun des Nains ; et parce qu'il ne voulait pas modifier le travail d'Aulë, et qu'Aulë n'avait fait que des êtres masculins, alors les femmes des Nains ressemblent à leurs hommes plus que toutes les autres races [douées de parole ?].
(b). Il fit d'abord un Nain, l'aîné de tous, et après il en fit six autres, les Pères de leur race ; et alors il commença à en faire d'autres encore, semblables à eux mais de genre féminin, pour être leurs compagnes. Mais il se fatiguait, et quand il en [eut] fait six il se reposa.
(c). Aulë en fit un, puis six, et il commença à faire pour eux des compagnes féminines et alors il fut fatigué. Alors il endormit six paires, mais il en laissa un (Durin) seul, l'aîné.
(d). Et Aulë prit les Sept Nains et les étendit pour qu'ils reposent sous la pierre dans des endroits très profonds ; aux cotés de chacun [d'eux] il étendit une compagne, comme la voix le lui commandait.
(e). Puis Aulë prit les Sept Nains et les étendit pour qu'ils reposent sous la pierre dans des endroits très profonds ; aux cotés de chacun il étendit sa compagne, excepté pour l'aîné, qu'il laissa seul.
Livre XI, Chapitre XIII : Les Naugrim et les Edain

Les Naugrim hommes et femmes portent la barbe dès leur naissance, leurs femmes ne pouvaient donc pas non plus être discernées par ceux des autres races, que ce soit au niveau de leurs traits, de leur démarche, de leur voix ni par aucun moyen hormis celui-ci : elles ne partaient pas en guerre, et hormis pour la plus extrême nécessité, ne quittaient pas leurs salles et appartements profonds. Il est dit, aussi, que leurs femmes étaient peu et qu'à part leurs rois et leurs dames, peu de Nains se mariaient ; pour cette raison leur race s'accroissait lentement et à présent diminue.
Livre XI, Chapitre XIII : Les Naugrim et les Edain

Elles sont rarement citées dans les arbres généalogiques car elles rejoignent la famille de leur mari. Mais si un Nain a plus de 110 ans de moins que son père, c’est généralement qu’il a une sœur aînée. Dís, la sœur de Thorin, n’est citée que grâce à la vaillance de ses fils Fili et Kili pour protéger Thorin II. L’affection pour les enfants de sa sœur était commune à tous les peuples au cours du troisième âge, mais était moins forte pour les Nains que pour les Humains ou les Elfes.
Livre XII, Chapitre IX, Section 4 : Le peuple de Durin